[Musique] Cette série de capsules offre des exemples concrets de l'application du Cadre de référence de la compétence numérique en éducation et en enseignement supérieur au Québec. Dans cette capsule, la dimension 1 est présentée par Simon Collin, professeur à l’Université du Québec à Montréal et membre du Groupe de recherche interuniversitaire sur l’intégration pédagogique des technologies de l’information et de la communication, le GRIIPTIC. Parmi les éléments principaux de cette dimension, on retrouve la gestion de la diversité, savoir reconnaître la manipulation notamment, et la marchandisation. Par exemple, ça va jusqu’à respecter le droit d’auteur. Cette dimension-là est un peu particulière dans la compétence numérique telle que décrite dans le Cadre, dans la mesure où elle se situe vraiment dans son cœur. Elle a donc une dimension transversale. Autrement dit, les autres dimensions de la compétence numérique sont censées concourir au développement de cette dimension-ci. Et par ailleurs, elle représente aussi une finalité de la compétence numérique. Autrement dit, un élève qui est numériquement compétent devrait pouvoir agir en citoyen à l’ère du numérique. Alors, cette dimension-là est spécifique dans la mesure où elle a une teneur politique qui est assez évidente, puisqu’on parle d’un citoyen. Et elle s’explique par le fait que le numérique suscite des enjeux sociaux à l’heure actuelle auxquels on ne sait pas vraiment encore faire face. L’éducation, donc, a un rôle royal pour former les futurs citoyens à faire face, à affronter les enjeux sociaux que pose le numérique. Par exemple : le contrôle, la surveillance, la marchandisation des comportements numériques, etc. Alors, au niveau pédagogique, être un citoyen éthique à l’ère du numérique ne consiste pas uniquement à avoir des usages numériques, même efficaces, même pertinents — pas non plus simplement à comprendre le fonctionnement du numérique — mais bien plutôt à comprendre les implications sociales des usages et du fonctionnement numérique. Par exemple, si on prend la recherche d’information, il ne s’agit pas, pour les élèves, de seulement savoir rechercher de l’information via Google — quoique c’est fort important — il ne s’agit pas que de comprendre le ranking que propose Google — c’est fort important aussi — mais il s’agit plutôt de comprendre ses implications sur différents aspects de la vie sociale. Par exemple, les bulles de filtres. Par exemple, les chambres d’écho. Par exemple, savoir que deux personnes qui recherchent de l’information sur Google ne vont pas forcément avoir les mêmes résultats, parce que sont pris en compte leur historique de comportements sur Google. C’est donc ces implications sociales-là que les élèves doivent pouvoir évaluer sur la base des valeurs démocratiques qui régissent notre société. Autrement dit, on regarde les implications des usages numériques et du fonctionnement numérique, et à partir de là, on les évalue sur la base des valeurs et des principes démocratiques. Pour développer pédagogiquement cette connaissance et cette compréhension des implications, deux niveaux d’action sont possibles au niveau pédagogique. Le premier, c’est vraiment de sensibiliser les élèves aux implications sociales du numérique. Des ressources éducatives existent, qui sont formidables. Elles forment par exemple les élèves à la cyberintimidation, à la gestion de leur identité numérique, au plagiat, etc. Dans un deuxième temps, ce qui est fort intéressant de faire, c’est de créer des espaces délibératifs dans lesquels les élèves peuvent discuter de ces implications-là et évaluer, comme je disais tout à l’heure, leur compatibilité avec les principes démocratiques. Pour ce faire, on peut, par exemple, prendre les technologies qui nous entourent à l’école et se demander : dans quelle mesure ces technologies-là sont intéressantes d’un point de vue démocratique ? Par exemple, si une école choisit d’intégrer un système de gestion des comportements, pourquoi ne pas en profiter pour créer un espace de délibération avec les élèves, dans lequel on va pouvoir discuter des données qui sont collectées via ce système-là ? Et quels indicateurs, parmi ces données, sont liés à quels comportements ? Qu’est-ce que fait l’équipe-école une fois qu’elle reçoit les données de comportement des élèves ? Etc. Et c’est sur la base de ces réflexions et de ces délibérations qu’on est capable de savoir si un système de gestion des comportements est intéressant au niveau pédagogique, mais plus généralement, pour la vie sociale à l’intérieur de l’école. Autrement dit, les technologies scolaires sont un très bon moyen de former les élèves — par la délibération — à ce qu’ils auront plus tard à affronter en tant que citoyens. Cette capsule permet de poser un regard critique sur les enjeux éthiques et sociaux des usages du numérique en éducation et dans la société en général. Pour en apprendre davantage sur le Cadre de référence de la compétence numérique et son utilisation, rendez-vous sur le site des ministères de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec. [Musique]